Le Prix Bohrer 2013
La bible des champignons
Par Ericka Morjon

Créé par le chef étoilé alsacien Philippe Bohrer, le Prix Bohrer récompense chaque année le meilleur livre de cuisine française. Une belle et louable ambition motivée par le foisonnement éditorial actuel qui, phénomène de mode oblige, ne privilégie pas toujours la qualité…
La cérémonie s’est déroulée le 2 décembre dans le restaurant strasbourgeois de Philippe Bohrer Au Crocodile (* Michelin). À trois semaines des fêtes, alors que Strasbourg se pare de ses habits de lumière pour le marché de Noël, voilà un message clair pour ceux qui cherchent des idées de cadeaux culinaires.
Le jury, présidé par Eric Briffard, lauréat du Prix Bohrer 2012 et chef du restaurant Le Cinq (** Michelin), était composé de sept autres personnalités du monde de la gastronomie et des médias.
Sur les 45 bouquins épluchés, douze faisaient partie de la sélection finale. Des ouvrages aussi variés que Le grand livre des grillades des éditions Marabout, La Cuisine d’Alexandre Dumas de Babette de Rosières, Ispahan de Pierre Hermé, Masterchef de Ludovic Dumont, Des abysses à la lumière de Gérald Passédat… « Des ouvrages variés mais très homogènes en termes de qualité », a précisé Philippe Bohrer.
C’est le chef triplement étoilé Régis Marcon qui a remporté le Prix Bohrer 2013 pour son magnifique ouvrage Champignons (Éditions de La Martinière, 416 pages, 45 €). Maître incontesté en la matière, il dit absolument tout sur leur préparation, leur cuisson et leur conservation. Le sous-titre du livre est d’ailleurs parfaitement éloquent : 65 champignons, 140 gestes techniques, 100 recettes, épicerie fine. En somme, une vraie bible. Pour Philippe Bohrer, « ce livre est, à tous niveaux, d’une qualité exceptionnelle. C’est un ouvrage authentique, sincère et entier, pour tous les publics. Il deviendra une référence. » C’est le fils, Jacques Marcon (qui officie aux côtés de son père depuis 2004) qui est venu recevoir le Prix.
La Mention spéciale du jury a été attribuée à Lynch-Bages et Cie, une famille, un vin et 52 recettes, textes de Jean-Michel Cazes et Kinou Cazes-Hachemian, recettes de Jean-Luc Rocha (Éditions Glénat, 240 pages, 49,50 €).
Rendez-vous l’année prochaine pour un jury présidé par Régis Marcon, évidemment.
Trois questions à Régis et Jacques Marcon
Alors, surpris ?
Régis : Agréablement surpris ! Car il y a en effet de plus en plus de beaux livres de cuisine, et il y en avait en compétition. Ce prix, c’est la reconnaissance de notre travail sur les champignons, c’est aussi la reconnaissance des pairs. On sait que c’est un livre qui plaît beaucoup car c’est un beau succès de librairie. Il est sorti en octobre, à 10 000 exemplaires, et il est déjà en réédition !
À votre avis, la recette de ce succès éditorial ?
Régis : Il existe beaucoup de livres sur les champignons mais c’est le premier à être aussi complet. Cet ouvrage, c’est presque trois ans de travail, c’est aussi l’histoire d’une vie. Nous avons voulu un livre qui convienne aussi bien aux néophytes qu’aux professionnels, avec des recettes accessibles pour la plupart. C’est aussi un très beau livre avec de belles photos, un gros travail avec l’éditeur, le photographe, la styliste.

Pourquoi ce livre?
Régis : Ce n’est pas mon premier livre sur les champignons mais je voulais aller plus loin, rassurer, donner des conseils. Le deuxième message de cet ouvrage c’est le respect de la nature.
Jacques : Au restaurant (Chez Régis et Jacques Marcon), les clients posent constamment les mêmes questions sur les champignons, les techniques, leur préparation. Finalement, on se rend compte que les gens préparent toujours les mêmes, qu’ils restent toujours sur les mêmes recettes et associations.
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